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Blog Domaine Dame Bertrande

Mais quelle année que voilà !

Mais quelle année que voilà !

 

A peine sortis d’un printemps précoce qui nous a surpris d’un ravissement à nous faire trembler dans nos bottes, à peine donc cette grande vague sensuelle du débourrement passé (débourrement : étape précédent la sortie des bourgeons de la vigne sous forme de petits clitoris blanc et duveteux. Voir premier croquis du schéma ci-joint)

 

que le froid nous retombais dessus, nous propulsant en parallèle des travaux de printemps, dans une course au traitement pour ne pas perdre les bienfaits de cette précocité. Toujours maitrisés croyez le bien, nous avons mené ceux-ci avec doigté, améliorant, Simon Deleporte et moi, nos dosage pour diminuer un peu plus les quantités de cuivre et de souffre employées à protéger nos feuilles.

On peut, en ce 7 juillet, s’estimer satisfait du résultat actuel. Tout n’est pas fini, l’ours n’est pas tué, sa peau pas non plus sur EBay. Mais tout de même, l’équipe de choc de 2014 peut être fière d’elle. Citons les pour la postérité, les Pascal Adine, les Charlie Marcelet, les Thymothé Da Silva, les Anthony Poirier, les Sebastien Llanta, ces gens qui par nécessité mais également intérêt ont chaussé pelisse et godillots dans le froid de l’hiver, la cagne du printemps, le vent, la pluie, les bestioles en tous genres afin de tailler, tirer, attacher, retailler, épamprer, lever, creuser, planter, travailler le sol, ébourgeonner les meilleurs parcelles, désherber à la débroussailleuse les rangs des Piniers et du Tuquet, ré-attacher (sic) pour la sixième fois ce saligaud de pied qui se casse de nouveau la figure…

De tout ce travaille nais les conditions d’un bon millésime, bien géré. Multipliez cela par la main bienveillante d’un climat clément, le tic-tac d’une mécanique qui indique aujourd’hui le rendez vous du grand millésime, entendez cela et souffrez que je vous fasse l’éloge avant l’heure de ce vin pas encore fait !

Ne croyez pas à un manque de maturité… pardons d’humilité de ma part. Caresser l’espoir et se donner les moyens sont deux choses complémentaires à l’accomplissement de puissants moments certes, mais bien différentes.

Nous palabrons, dans les vignes et depuis des semaines, des manières de vinifier ce qui vient. Nous nous laissons porter comme des gosses par les voies à prendre, telle extraction, tel procédé, tel choix essentiel dans la future essence de telle cuvée. Le moment venu « nécessité fera loi » nous le savons. Dans l’urgence les choix sont ramenés à l’essentiel. Reste que pour l’instant nous rêvons devant ces grappes par encore dodues, vertes et acides.

La chimère poursuivie n’est pas de faire le plus grand vin mais d’agir au mieux pour ne pas diminuer le fruit porté par la vigne. De le magnifier. « Soigner sinon ne pas nuire » que je trouve précisé sur Wikipédia par Primum non nocere “d’abord ne pas nuir”. Principale précepte de la médecine depuis l’Antiquité. A la vigne comme au chai, c’est l’un des nouveaux enseignements, profonds et puissants que je retire de 2013 – 2014. Nous accompagnerons le raisin vers le vin. Nous accompagnons la vigne vers le raisin. Nous accompagnons le sol vers la vigne. Nous accompagnons le ciel vers le sol.

Oui nous avons un peu pratiqué la Biodynamie cette année et... en effet, c’est fort comme truc. Heureusement que les authorités ne s’y intéressent pas ! Enfin non c’est dommage. Car dans le fratra symbolique de cette discipline se cachent moultes réflexions simples qui relèvent de la logique, du fameux bon sens paysan éclairé. Mais de cela les authorités ne voient que la donnée productrice des métiers du vivant. Souvenez vous à l’école, Secteur Primaire. Pas sexy n’est-ce pas le Secteur Primaire ? Primaire... Primordiale... Premier... Fondement des civilisations sédentaires. Etablissement de maisons prèttes des champs et des vergers, de greniers pour stocker, donc de comptabilités, d’observation des saisons, d’outils, de dosmetications, d’archives pour transmettre... Primaire en effet !

 

Ah ! Parlons plutôt des cuvées 2013. Car à vous venter la prochaine, j’occulte la précédente. 2013 donc année complexe et difficile, enrichissante même ! Les Cerisiers fidèles au poste sortirons dans une tenue d’influence nordiste. Vivacité et fruit, trame tanique discrètement suffisante pour structurer, nez vite gourmant et belle rerebuvabilité (rerebuvabilité: capacité d’un vin à passer si naturellement dans le gosier que le cinquième verre est si vite arrivée Monsieur l’agent...). *Salutation à nos clients gendarmes : ) On espère se donner des airs de Pinot Noir, on espère.

 

De fait pas de Pierre Cachée en 2013, c’est pas faute d’avoir espéré devant la cuve, pas non plus de Pruniers 2013, pas assez de corps pour affronter nos vieilles barriques. Pas de corps, pas de barrique: c’est la règle à la maison ! Pas d’Île aux Lièvres 2013 non plus. La récolte de cépages blancs, excellente à mon goût, le fut toutefois en maigre volume. Nous en avons donc profité pour pousser notre travail sur le Chemin Blanc 2013. Prise de bois minimum mais présente (on sait qu’il y a des amateurs parmi vous, ne cherchez pas à vous cacher), rondeur opulente soutenue par la belle acidité du millésime. C’est tendu et gras. Ca va bien veillir. A vrai dire c’était tellement bon à la dégustation d’assemblage que nous avons osé isoler trois barriques sur les sept pour créer un Chemin d’Or 2013, tête de cuvée du Chemin Blanc. 800 bouteilles environ de pure voyage. On goutera cela. Avec un civet par exemple ? Quant aux Lièvres, il reviennent très probablement en 2014.

 

Autre surprise la création de la cuvée des Pêchers 2013. Vous connaissez pour certains le fameux Liquoreux de 2001. Eh bien je sais pas faire. Oui je... Pour l’instant. A la place, on s’est lancé sur une friandise sucrée acidulée pleine de parfum printaniers, d’agrume à fleur blanche et de fruit juteux à chair blanche. Du pepz friand dans sa jolie fillette de 50cl ! Sur une telle vivacité le sucre est terriblement adictif, je le conseil donc pour les apéros et les plas très exotiques. Tout est cependant mis en bouteille au 1er juillet, patience donc que le vin se reffasse, nous gouterons les Pêchers 2013 en temps voulu.

 

Concluons sur la petite victoire à venir que sera d’estampiller nos bouteilles BIO cette année. Non vraiment il n’y a que la grêle qui pourrait me mettre de mauvaise humeur. Elle le pourrait. Et pour finir, voici une série de photos commentées illustrant quelques évennements de ces derniers mois. Bonne visite.

A bientôt.

Brice Tingaud