Du nouveau au chai de la Bertrande
Il s’est enfin réalisé ! Simple et tellement plus adapté. En voici une présentation des raisons et détails.
Auparavant le chai de la Bertrande était dimensionné pour accueillir de très grandes quantités de raisins. Il fut un temps où le domaine comptait une trentaine d’hectares de vignes étalées sur plusieurs communes. Cela supposait une organisation impliquant une autre philosophie de culture et de vinification, plus lourde, massive, moins élégante et précise.
Le domaine depuis 2010 vinifie en parcellaire puis en bio depuis 2011. Les conséquences sont qu’il a fallu cesser de tout rassembler en cuves de 150 Hectolitres (15 000 litres) chacune pour répartir chaque parcelle dans un contenant adapté à sa taille. Le parcellaire permet de s’approprier la personnalité de chacune des parcelles afin d’ensuite mieux répondre à l’esprit de chaque cuvée. Nous avons donc vendu ces cinq gros bébés à une entreprise qui est venue les chercher avec camion, grue et élévateur. Joli boulot d'ailleurs, exécuté avec propreté et efficacité. Bon… ils pouvaient vu le prix d’achat des cuves mais ne crachons pas dans le moût.
Je ne vous cache pas qu’après six années au contact de ces mastodontes, les voir quitter le chai, prendre la lumière, afficher leur saleté crasses de braves géants innettoyables tant leur rotondité emplissait, écrasait même l’espace pourtant vaste de notre chai, m’a provoqué une émotion particulière. Partagé que j’étais entre la joie de les voir partir, le doute de m’en séparer au risque de faire une erreur. Chose récurrente lorsqu’on s’essaye à des chemins divergeant, et courante en agriculture, on pourrait appeler ça la peur de ne pas être assez gros (ou microphobie ?). Bref les voilà ornant pour quelques heures les parterres et parkings du domaine, posées comme d’incongrues baleines sur le sol de calcaire surchauffé, brillant autant que possible avant de nous quitter.
Une fois parties il a fallu nettoyer ce qui se trouvait derrière. Des années d’éclaboussures, de coups de jet imprécis et de recoins inaccessibles ont quelque peu teinté le mur et son sol. Un passage de nettoyeur à haute pression, un peu de jet et de raclette ont suffi pour faire peau neuve.
Que trouve-t-on désormais à la place de nos gros bébés ? De petits et délicats gardes vins tout en inox à l’exception de deux d’entre eux, en fibre de verre, chargés de la décantation par le froid, le moût n'y reste pas plus de deux jours. C’est précisément cette matière, la fibre de verre, qui fut l’élément déclencheur de ce brusque changement d‘organisation. L’un de ces fidèles contenants s’est décidé un jour à dégrader le vin qui s’y trouvait. Plusieurs fois j’ai cherché du côté de ma pratique, quelles erreurs je répétais pour abimer mon vin alors que c'était le garde-vin était responsable. Ils m’ont bien servi, j’ai beaucoup appris avec eux. Cependant ils ne me manqueront pas car j'ai aussi la chance d'avoir accès à tout un chai de cuves en béton, plus adaptées en terme de volume et parfaites pour l'élevage de nos vins.
Les nouveaux sont en inox donc, de dix, vingt et trente-deux hectolitres. L’avantage suprême de ces contenants étant de pouvoir y loger moins que le maximum prévu, ce qui n’est pas le cas des cuves qui ne servent à rien en matière de conservation de vin tant que ces dernières ne sont pas pleines. Ce sont également de bons outils en cours de vinification. On les nettoie facilement, les déplaces, y logent des jus à soutirer, pour un jour ou plusieurs semaines. Non vraiment, c’est apaisant de travailler avec de bons outils adaptés en sans options inutiles.
Et grâce à toute cette place, quelle joie de pouvoir de nouveau entasser du "bordel utile" sans sourciller. Notez au passage le petit pressoir vertical qui se cache sur ces photos et qui a inauguré nos nouveaux Malbecs. Mais cela c’est une autre histoire à venir.
On se tiens au jus ?
Brice