Vibrations
Vibrations: tout est vibration.
- « Tout à fait » répondrait sans doute le physicien puisque les particules sont avant tout de l'énergie.
- « Evidemment » répondrait le musicien puisque le son se propage par vibration via le support qu'est l'air.
- « Sans nul doute » répondrait le plasticien puisque les longueurs d'ondes visibles donnent formes et couleurs à ce que nous voyons.
- « Peut être » répondrait le biologiste qui, bien que soumis au physicien, possède une lecture différente du monde.
- « Certainement » répondrait le politique qui n'y comprend rien mais répond oui à tout afin de s'assurer une prochaine réélection.
- « Je crois bien » répondrait le biodynamiste tant cette discipline fait appel aux principes de l'information biologique et aux rythmes du vivant.
- « Vibration ! » Hurlerait enfin l'amateur de vins vivants tant les seuls pinards qui font se lever et sourire sont ceux qui en provoquent dans le corps, la bouche, le nez jusqu'aux poils des avant bras.
Oui vibrations et pourtant si peu de convergences existent entre toutes ces perceptions de l'art vibratoire. Le monde cartésien qui est le nôtre, ce monde occidental capable d'ouvertures étroites menant à de grandes découvertes oublie à mon sens trop souvent d'ouvrir largement son esprit à de minuscules avancées. Et pourtant...
Je suis à deux pas d'entrer enfin en biodynamie, non pas entrer dans les ordres d'une secte d'illuminés du vivant, non pas non plus acquérir le label tant convoité qui fera décoller les ventes. Non j'entre en biodynamie comme on sort en philosophie. Comme on s'ouvre, un matin de printemps, au monde qui s'éveille, se réveille de cette apparente léthargie hivernale qui terrorise l'Homme par son apparente âpreté. J'entre en biodynamie car je veux sentir autour de moi le "Chant Vert" que décrit à sa manière Orson Scott Card dans le cycle d'Alvin le Faiseur.
La vibration qui lie toute matière, qui fait de nous et de ce qui nous entoure les enfants des étoiles, au sens le plus pragmatique du terme. Chaque atome qui compose notre matière est issu des transformations physiques complexes qui ont lieu dans les chaudières solaires de notre univers. Le physicien acquiesce. Cette matière, inerte en apparence, différente de l'indéfinissable "vivant" donne naissance au mobile, au mutant, au transformable, au reproductible, avec ou sans le soleil Père qui réchauffe et fournit l'énergie nécessaire à la création d'une terre Mère: le sol. Cet être moitié organique et moitié minéral qui porte la grande majorité de la vie verte sur notre petit bout de planète. Le biologiste sourit devant ce raisonnement quelque peu simplet mais non absurde.
Naissent alors le musicien, le plasticien et l'agriculteur qui, issus de ces vibrations, donnent à leur tour naissance à de nouvelles ondulations, sons, images, formes, cultures du vivant: agri et culture. Le biodynamiste s'essaie alors à lier dans une théorie unificatrice propre à son domaine l'ensemble de ces vibrations. Il souhaite, je crois bien, accompagner ces flux et reflux non plus pour dominer, non pas pour parfaitement comprendre mais bien pour s'emplir de ce mouvement afin de raisonner en harmonie avec son domaine, sa terre, son sol, sa vigne, son vin. Il souhaite s'emplir, non pas les poches- bandes de mauvais esprits-, mais bien l'âme laïque de cette musique qui lie le vivant dans cette quête de reproduction et de survie. Car si l'esprit ne trouve d'argument philosophique définitif à la question du vivant et de la conscience, l'âme laïque elle peut se satisfaire du caractère fécond d'une réponse personnelle à l'existence.
Vibrer à l'évocation d'un souvenir, à la vue d'une courbe, à l'écoute d'un rire juvénile, à la participation d'une victoire collective, à la rencontre d'une fragrance pâtissière maternelle oubliée, à la dégustation d'un vin vivant, jusqu'à l'âme, jusqu'aux nerfs, jusqu'aux poils. Vibrer et être vivant : le voilà le projet biodynamiste. Bien entendu de tout cela le politique n'a toujours rien compris.
Bonne vibrations à vous.
Brice