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Blog Domaine Dame Bertrande

Bilan 2012-2013 au temps des vendanges

Un point sur les vendanges 2013, voir plus global, sur l’année toute entière.

2013 ! Voilà un chiffre dont je me souviendrais. De mémoire de vigneron, nous avons là une des pires années qui soit. Les vieux le disent, les jeunes aussi. Cela commence par un hiver sans fin, humide et froid, sans espoir de voir revenir le soleil. Lorsque celui-ci s’est mis à pointer le bout de son nez nous avons cru, avec le retour des oiseaux migrateurs que le printemps serait plus clément, voir sec tant la quantité de pluie tombée était anormale. Que dalle ! La pluie a continué de tomber, avec elle le froid qui n’était pas décidé à partir en vacances.

Les premières conséquences, au-delà du gel qui nous épargna relativement cette année, furent pour la fleur de la vigne. Ce merveilleux et fragile organe qui sent bon le parfum des nouveaux nés (oui la fleur de vigne exhale le délicat parfum du bébé propre) est auto polinisateur. Il n’est donc pas dépendant des insectes. Il a par contre besoin de soleil et de chaleur pour parfaitement s’épanouir, ce qui ne fut pas le cas. La fleur, transie de froid humide a coulé. Cela signifie que les futures baies occupant normalement la grappe ont pour, au moins 30% d’entre elles, été empêchées de se développer. Le résultat est facilement visible, comparée à une belle grappe bien dodue, vous obtenez un truc rachitique vaguement chargé en raisin s’ennuyant ferme tant les baies sont isolées les unes des autres, notamment sur les cépages rouges (merlots principalement et cabernet sauvignon).

Ajoutez à cela les nombreuses attaques de champignons sur feuilles et grappes, vous obtenez une saison qui jusqu’à l’été était franchement déprimante. La promesse d’un bon rendement était perdue au potentiel profit d’une belle qualité. Après tout, moins de raisins pour autant de feuilles signifiait une belle maturité à venir. Et puis les blancs eux semblaient moins touchés par la coulure.

On y a cru, tout l’été, tandis qu’un soleil de plomb écrasait chaque jour nos courageuses vignes. Oui mais voilà qu’à tout excès la modération vaut mieux. Matraquées de soleil, sans plus une goutte d’eau que celles exagérément tombées auparavant, nos vignes ont commencé à se bloquer, comme stressées par cette mini sécheresse.

On s’inquiétait moins, on se disait que le pire était passé et qu’un ou deux orages abreuveraient en tant voulu. Que nenni ! Des orages de grêles oui, s’abattirent telle la misère sur le peuple et bon nombre de parcelles françaises dont plusieurs non loin de chez nous, furent abimées voir ravagées. A terre, brisées par tant de violence, les vignes de beaucoup trop de collègues ne donneront rien cette année et peu l’année prochaine.

Mais cela ne suffisait pas aux dieux de nous martyriser ainsi. Il en fallait encore. Alors que je pariais sur un bel été indien fait de longues soirées ensoleillées et de touristes tardifs, l’automne à qui on avait rien demandé se pointa avec pour seuls cadeaux froid, eau et pourriture. Nos cépages blancs (sauvignon blanc, sauvignon gris et sémillons) se mirent à pourrir sur place, à vitesse grand V ! Nous furent contraints d’effeuiller ainsi que de faire tomber une partie de cette pourriture, celle qui n’avait vraiment pas bon goût afin de préparer, en urgence, pour changer, des vendanges à la main afin de les ramasser en l’état, au risque de tout perdre. On a réussi, les blancs sont désormais au frais, dans leurs cuves avec de maigres jus à la qualité respectable. Nous allons en faire de beaux vins.

Et tandis que cette urgence passée, nous regardions nos rouges aux trois semaines de retard, la grêle se mit de nouveau à tomber. Si la chance fait que notre domaine ne l’a pas subi en directe, nous pâtissons toutefois des conséquences indirectes de son passage. Trois voisins touchés, des vendangeuses occupées à rentrer en urgence des raisins pas assez murs et aucune place pour nous. Alors que nous pensions attendre une bonne semaine de plus, botrytis, le pourri gris s’attaque désormais à nos merlots et chaque jour fait progresser cet intime ennemi au détriment de la qualité aromatique de nos jus. Le travail au chai s’annonce important pour nous qui vinifions en bio et avec comme philosophie de ne rien ajouter dans nos moûts.

Bilan de l’année 2013 : de faibles rendements, une qualité plus que moyenne du à une maturation tardive et courte. Mais comme dit le proverbe : « Ne vends pas la peau de ta cuvée avant d’avoir celle de ton raisin au chai ! »

Le positif que nous retirons cependant de cette campagne, mon équipe et moi, est que protéger la vigne en bio n’est pas plus difficile, ni moins efficace que de le faire avec des produits conventionnels aux désastreuses conséquences sur la santé de nos sols, de nos vignes et de tout buveur de vin. En cela nous savons que nous allons dans la bonne direction.

Je ferais d’ici deux mois environ un point sur les vinifications et nous verrons si nos efforts au chai ont payé.

Brice